vendredi 18 décembre 2009

HISTOIRE TANTRIQUE



Notre présidente m’a demandé une phrase sur laquelle méditer en cette période de congés de Noël. J’ai pensé à vous raconter une histoire traditionnelle indienne pleinement révélatrice de l’esprit du Tantra. Peut-être la connaissez vous déjà, si vous êtes allé en Inde. Mais, peu importe, car le but n’est pas de connaître le récit, mais d’en intégrer la signification au quotidien.

Dans le Nord de l’Inde, un village se trouvait menacé par la sécheresse. Depuis des mois l’eau n’était pas tombée et la mousson tardait désespérément à venir. L’herbe était sèche, les troupeaux déclinaient chaque jour un peu plus et la famine s’approchait rapidement. Aussi le chef du village décida de faire venir un saint homme auquel on prêtait des pouvoirs merveilleux, des siddhis. Un jeune homme partit dans la montagne en quête d’un de ces sâdhus errants. Quelques jours plus tard il revint avec un Yogi à la barbe hirsute, le corps recouvert de cendres et vêtu simplement d’un pagne.


Le chef vint à sa rencontre et lui demanda de faire venir la pluie afin que tous ne meurt pas. Le sâdhu accepta, demandant simplement une hutte isolée et qu’on le laissa en paix. Le Yogi s’assit et entra alors en méditation.Les jours commencèrent à s’écouler lentement. Au bout du troisième jour le ciel restait toujours désespérément bleu. Les habitants commencèrent alors à murmurer et à s’interroger. Certains doutaient des capacités du Yogi. D’autres se résignaient à une fin prochaine, convaincus d’avoir commis de graves fautes en d’autres vies. Enfin, le quatrième jour de petits nuages pointèrent à l’horizon et le ciel sombre creva bientôt. La pluie inonda les champs et tout le monde était joyeux et courait dans l’eau.


Intrigué par le pouvoir si puissant du Yogi, le chef vint le trouver et le questionna : - " Mais enfin, comment vous y êtes vous pris ? " lui demanda-t-il admiratif. Le sâdhu lui répondit simplement: - " En vérité, je n’ai rien fait. J’ai constaté que la pluie ne tombait plus et j’en ai déduit que le désordre régnait ici. J’ai donc rétabli l’harmonie en moi, et, ce faisant, j’ai permis à l’harmonie de s’étendre à nouveau ici. Le monde fonctionne ainsi. "


Cet esprit du Tantra se retrouve au cœur de la pratique du Yoga, du Shivaïsme, ainsi que du bouddhisme Vajrayana et du Reiki, pour ne citer que les disciplines que je connais. Ainsi, le Yoga ne s’apprend pas : il convient simplement de lui laisser la place de se manifester à travers nous. Peut-être vous est-il d’ailleurs arrivé, comme à moi, de prendre spontanément telle attitude, que vous n’aurez vu nulle part, et de découvrir ensuite qu’il s’agit dune posture traditionnelle.


Quand je me suis occupé avec le Reiki de mon neveu plongé dans le coma, en réalité je ne lui ai rien envoyé du tout. Simplement, je me suis mis en relation, grâce au reiki, avec l’état de santé fondamental présent en tout être. Et j’ai alors permis à mon neveu, situé à mille kilomètres, d’entrer en résonance avec cet état fondamental. L’approche tantrique du monde est plus une question d’ " être " que de " faire ".


Cela paraît toujours un peu " chinois " à notre esprit ordinaire étriqué. Pourtant les choses sont ainsi. C’est d’ailleurs pour cela qu’ existent des initiations qui permettent d’accéder à un niveau de conscience plus large et plus profond.


Bonne méditation et bonnes fêtes de fin d’année !
mailto:christianledain@wanadoo.fr

lundi 26 octobre 2009

SURYANAMASKAR - LA SALUTATION AU SOLEIL

La Salutation au soleil ( Suryanamaskar, en sanskrit) constitue l'une des pratiques les plus célèbres du hatha yoga. C'est un exercice non seulement corporel et énergétique qui procure une excellente santé mentale et psychique. Mais c'est aussi une pratique spirituelle et un support de méditation puissant. Ceci explique que certains Yogis la pratiquent quotidiennement jusqu'à 300 fois par jours !
La salutation au soleil constitue un enchainement élaboré de plusieurs postures. Il en existe différentes variantes, plus ou moins complexes.
Cette composition est en soi complète et parfaite; voilà pourquoi il est possible de progresser dans la voie du Yoga en ne pratiquant que cet enchainement.
Selon la nature de votre motivation, vous pourrez recueillir des bienfaits extrêmement variés de cette pratique : développement de la souplesse, obtention d'une musculature harmonieuse, bon fonctionnement de votre corps, stabilité et clarté de votre esprit.
Si vous n'êtes pas pressé de mettre fin dès cette vie-ci au cycle de vos réincarnations (!), une pratique tout à fait sage et accessible consite à effectuer 10 fois par jours cette salutation au soleil. Ma première enseignante de Hatha Yoga, Maud Forget, donnait cette prescription à ses élèves : " Pratiquez Suryanamaskar dix fois par jour, chaque matin. Cela vous prendra cinq minutes et vous vivrez dix ans de plus, tout en paraissant dix ans de moins".

Plusieurs personnes qui souhaitent apprivoiser cette salutation au soleil m'ont demandé depuis septembre dernier de présenter sur ce site les différentes postures qui la compose. Je me suis donc mis à la tâche et j'ai dessiné les 13 postures qui correspondent à la variante classique que nous pratiquons à chaque cours. J'espère que l'ensemble vous aidera et que vous serez sensible à l'élégance du maillot de bain que porte l'Appolon ci-dessous !

posture 1


posture 2


posture 3


posture 4

posture 5

posture 6

posture 7


posture 8

posture 9


posture 10


posture 11







posture 12





posture 13

Je vous renvoie au cours collectif pour tous les détails qui concernent cette salutation. Ayez toutefois à l'esprit qu'aucun enseignement extérieur ne remplacera votre expérience directe : effectuez une centaine de salutations d'affilée et vous apprendrez ainsi de vous-même ! Car le Yoga est en chacun de nous et ne demande qu' à se qu'on lui laisse l'espace pour se manifester.



Personnellement, je la pratique depuis 25 ans et je découvre régulièrement quelques "pépites" à coté desquelles j'étais jusqu'alors passé .

J'espère de tout coeur que cet article vous sera utile pour progresser.

Christian LEDAIN

christianledain@wanadoo.fr





jeudi 8 octobre 2009

Comment aider une personne souffrante



Je souhaite présenter ici, à travers une histoire personnelle, deux moyens puissants d’aider une personne qui en a vraiment besoin. Car nous sommes tous confrontés à la souffrance d’autrui et elle nous apparaît d’autant plus intolérable que nous nous sentons impuissants. Kévin, mon neveu, est tombé d’un arbre, le mardi 22 septembre 2009, vers 6h00 du matin. Une chute de 9 mètres. Transporté d’urgence de l’autre coté de la frontière allemande, au Landeskrankenhaus de Salzbourg, les médecins ont vite dressé la liste des dégâts : fractures multiples : orbites, clavicule, épaule, côtes, bassin. Mais tout cela est apparu, somme toute, secondaire, en comparaison de l’hématome au foie et de l’épanchement de sang au cerveau. Passé le choc de la nouvelle, je me suis remémoré un enseignement vigoureux du Dalaï lama : " Quand cinquante mille personnes du clan des Sâkya furent tuées en une seule journée, le bouddha Sâkyamuni, qui faisait partie du même clan, n’en éprouva aucune souffrance. Il était appuyé contre un arbre et il dit : " je me sens un peu triste aujourd’hui car cinquante mille personnes de mon clan ont été tuées ". Mais lui-même n’était pas affecté. C’était la cause et l’effet de leur karma. Il n’y avait rien à faire. "( Samsara, S.S Le Dalaï Lama, édition du Pré aux Clercs, 1996).
Ce souvenir en tête, j’ai refusé de me laisser plomber. Pas d’attachement à la souffrance, ni à la mort. Les médecins ont, quelques heures plus tard, plongé Kévin dans un coma artificiel. Au cours des jours suivants, un bulletin de santé, toujours le même, s’est imposé avec insistance : " Situation stationnaire. Tout peut arriver. Il faut attendre ".
Je me suis alors mis à œuvrer pour mon neveu avec toute mon énergie. Je me suis centré sur ce qui m’apparaissait le plus efficace : la pratique du reiki à distance. Quand la vie d’un être cher est en danger, les doutes sont pulvérisés, volent en éclat. En quelques jours, face à l’urgence, ma pratique s’est concentrée considérablement. J’ai condensé le chemin parcouru ces cinq dernières années.
Je vais maintenant à l’essentiel, tout est clair. Je m’imagine auprès de Kévin; j’y suis. Je me relie à la partie en moi qui est saine et qui veut de tout cœur la guérison de mon neveu. Puis je trace les symboles qui m’ont été transmis en me reliant à leur signification profonde. Je prends contact avec la nature transcendante en moi : Esprit saint ou encore nature du Bouddha. Puis, je génère l’affection inconditionnelle, la compassion envers Kévin; ces émotions s’élèvent en moi comme un grand feu. Enfin, je prends contact avec la nature transcendante présente en mon neveu. Dans mon esprit, il n’y a aucun doute.
J’entre alors vraiment en moi-même. Je descends dans des profondeurs, lentement. A un moment donné je capte quelque chose : je suis sur la fréquence de Kévin. Je m’immobilise. Quelque chose circule entre nous dans les abysses. L’énergie passe. Puis, cela suffit. Je reviens alors à moi instantanément, comme un dormeur tiré de son rêve. Ce que j’ai vécu en dehors du temps a pu durer une demi-heure ou trois-quart d’heure. Ma sœur Catherine, partie pour Salzbourg le jour même de l’accident, m’avait dit : " En fin de semaine, on y verra sans doute plus clair ". Nous sommes aujourd’hui vendredi et je sens mon neveu sur le fil de crête : à tout moment, il peut basculer du coté de la vie ou de l’autre. C’est décidé, je pars. Lever à 05h30, pour la gare de l’Est. L’action m’a délivré aussitôt de l’angoisse. Je sais que des moyens me seront donnés au fur et à mesure. Je n’ai aucun doute la dessus. Je préviens ma sœur aînée de mon arrivée par téléphone. " - Mais, Kévin n’est pas réveillé ! " me dit elle. " - Justement, c’est pour cela que je viens ", lui dis-je.
Onze heures de train : juste ce qu’il faut pour me remémorer des bases d’ allemand et pratiquer le reiki. Durant le trajet apparaissent des phénomènes nouveaux : je suis pris de douleurs abdominales violentes. Dès que j’interromps les soins de reiki, la douleur cesse. Ces douleurs ne m’appartiennent donc pas. Les poisons administrés à Kévin pour le maintenir dans le coma ont pour effet secondaire de polluer son organisme. Un travail de nettoyage est en cours, grâce au reiki, et cela passe à travers moi. Cette douleur sera présente encore deux jours, puis disparaîtra complètement.
Dans le train, une image ne cesse de s’imposer à moi : je vois un vieux sous-marin soviétique. Il est dans une eau blafarde, sale et triste – plutôt bizarre pour une eau, mais c’est ainsi. Le sous-marin perdu dans les profondeurs vient de bouger. J’entends ses parois grincer. C’est vraiment un vieux modèle ! Je perçois aussi des bruits sourds. Il bouge, lentement, très lentement et amorce sa remontée vers la surface. Une fois arrivé à l’hôpital, je renonce à faire un soin à Kévin. C’est inutile, j’ai déjà largement agi à distance; et puis, je ne veux pas perturber le fonctionnement de toute la batterie d’appareils qui travaillent autour de lui et qui lui sont reliés par un grand nombre de fils, de tubes et de tuyaux bariolés. Chacun fait ce qu’il a à faire et je ne veux pas perturber le travail de toutes ces machines. D’ailleurs, nous n’agissons pas au même niveau, ce qui nous rend totalement complémentaires.
Allongé sur son lit, immobile, Kévin me paraît tellement proche et pourtant si lointain, enfoncé dans son sommeil. Lointain, mais pas absent. Je le reconnais bien là ! Je sais qu’une partie de lui entend ce que je lui dis et qu’il sait que je suis là pour lui. Tandis que je parle à Kévin et lui caresse affectueusement le bras, l’indicateur de pression sanguine passe de 11 à 16. La machine bipe alors. L’infirmière vient, appuie sur un bouton, me regarde, puis repart. Cet après-midi là, elle s’est bien déplacée six fois !
Je reste à Badereichenhal jusqu’au dimanche soir et reprends un train de nuit pour Paris. Les voyages sont toujours des processus que je vis intensément. Ce sont des entre-deux, toujours excitants : l’ordonnancement habituel des choses se trouve bousculé et je dois alors témoigner de beaucoup d’efficacité dans l’action. Entre Salzbourg et Munich, je reprends les soins de reiki. Sitôt relié à l’énergie, je sens vraiment que quelqu’un se sert généreusement. Je me relie mentalement à mon neveu : " C’est toi, Kévin ? Vas-y, c’est de bon coeur ! " Tout se passe comme si la procédure de soin s’était raccourcie et contractée, allégée de tout formalisme. Mon neveu et moi nous sommes entendus, il est d’accord. Il tire maintenant presque plus vite que je n’avance. L’intention juste et la concentration me suffisent dès lors pour agir efficacement. Mon rôle dans la pratique m’apparaît maintenant avec une clarté étincelante : je permets simplement à mon neveu de se relier à l’énergie de guérison qui est en lui. Le reiki n’est pas extérieur à lui, il nous relie l'un l'autre. Mon " moi ", dépourvu d’existence intrinsèque, autonome, n’existe qu’en relation avec autrui. J’expérimente profondément cette vérité dont j’avais reçu l’enseignement préalablement.
De retour à Paris, je pratique en aveugle : Kévin n’est plus là physiquement, mais son souvenir est très présent en moi. Cette image soutient ma concentration durant les soins. Kévin est toujours maintenu dans le coma artificiellement car ses réactions sont trop fortes, trop brutales quand il revient en surface. Les fractures se résorbent naturellement, lentement. Il a toujours une tige métallique fichée dans le crâne pour surveiller la pression. Le caillot de sang, devenu la cause centrale d’inquiétude, ne se résorbe toujours pas. "Etat stable. En réanimation tout peut arriver".
Lors des soins de reiki, je me concentre maintenant sur la région du cerveau et j’en ressens des maux de tête que je dissipe par la pratique du Pranayama. D'un coté, ces maux de tête me rassurent : quelque chose se passe qui doit alléger Kévin de sa souffrance. Mais, ils révèlent aussi que je suis un peu trop impliqué dans le soin : je veux trop que ça marche, je désire trop que mon neveu revienne à la conscience. Plus de détachement serait plus juste. J’aurai l’occasion de travailler cela plus tard.
Une chaîne de relation s’est formée autour de ma sœur aînée. Collègues de travail, amis, famille, les personnes se passent les informations, agissent comme ils peuvent et assurent un soutien. Parmi les collègues de travail, un homme, maître de reiki me contacte. " Cela confirme le principe : les praticiens reiki se reconnaissent entre eux " me dit-il. Une amie de mon neveu vient précisément de diffuser sur internet une photo de Kévin. Cette coïncidence tombe à pic. L'homme peut utiliser ce support et envoyer ainsi de l’énergie à mon neveu. Je lui parle de mes maux de tête et il me recommande de me laver les mains après chaque soin en les laissant sécher naturellement à l’air libre. J’adopte cette recommandation qui vient à point nommé. Et nous décidons de nous rencontrer prochainement pour échanger sur notre pratique.
Deux semaines après sa chute, Kévin poursuit sa remontée vers la surface. Il n’a plus de tube dans la bouche lui assurant une respiration artificielle. Il a bougé un doigt. Mes ses réactions sont encore trop vives au sevrage des médicaments. La partie droite de son corps, qui a reçu le choc, ne bouge pas. Y aura-t-il des séquelles ? Personne ne le sait. Je continue mon soutien, je l’accompagne. La patience est une Paramita, une perfection transcendante, à développer.
Kyentsé, notre fils de trois et demi, a demandé : "- Cousin Kévin est encore mort ? " "- Non !" lui ai-je dit.

Voilà comment aider une personne en difficulté avec le reiki. Mais tout le monde n’est pas initié au reiki et il existe d’autres moyens d’action, même si pour moi ce moyen est le plus puissant. Les personnes qui ont une pratique sérieuse du hatha yoga peuvent aussi agir de façon remarquable. Celui qui fut mon professeur, Swami Shivananda, l’a brièvement exposée dans un ouvrage. Les praticiens reiki retrouveront une démarche qui leur est bien connue. En voici le cœur :
" LA GUERISON A DISTANCE "
On l’appelle aussi " traitement par l’absence de traitement ". Vous pouvez transmettre votre Prana ( l’énergie) à distance à un ami. Il faudra qu’il ait une attitude réceptive. Vous devez vous sentir en relation directe avec cette personne , avoir de la sympathie pour elle (…). Convenez , par correspondance , d’une heure fixe de rendez-vous. Ecrivez lui : " soyez prêt à 4h du matin . Ayez une attitude mentale réceptive. Etendez vous confortablement dans un fauteuil. Fermez les yeux. Je vais vous transmettre mon Prana. " Dites mentalement au malade : " je vais te transmettre une réserve de prana. " Ayez une image mentale du prana quittant votre corps, sentez qu’il traverse l’espace et entre dans le corps du malade. Le prana , lorsqu’il voyage est aussi invisible que les ondes radio et il flamboie comme l’éclair dans l’espace. Le prana coloré par les pensées du guérisseur est projeté dehors. Ceci demande une longue pratique , assidue et régulière. ( cf. " la science du pranayama ", par Swami Sivananda, édition du centre international de yoga Védanta, page 86 , chapitre : " guérison à distance ").
Ce chapitre date d’ une époque où internet n’existait pas et où le téléphone était encore peu déployé. Aussi, inspirez vous de l’esprit du texte pour mettre au point votre pratique personnelle. Et si 04heures du matin, c’est un peu tôt pour vous, choisissez une autre heure !
Après cette pratique il est possible de se sentir vidé en énergie. Dans ce cas, vous pourrez, par exemple, pratiquer Nadhi Shodana pour vous ressourcer. Ayez confiance en vous. Si je vous fais part de cette pratique, c’est que je sais qu’elle vous est accessible.

christian LEDAIN, le 06 octobre 2009
Pour m'écrire : christianledain@wanadoo.fr

lundi 31 août 2009

Shalabasana–La Sauterelle - ANTI MAL DE DOS

La vie constitue notre bien le plus précieux. Et si notre santé vient à être compromise nous sommes bientôt prêts à renoncer à nos possessions matérielles, notre statut ou à notre pouvoir. Cette vie est précieuse par nature, même si elle ne se suffit pas à elle-même. Sans elle il ne nous serait pas possible d’accomplir toutes les actions méritoires qui lui donnent son sel. Cette vie doit donc être constamment protégée, soutenue, préservée.
Le Hatha Yoga constitue un savoir irremplaçable, jamais égalé, pour entretenir et fortifier notre existence. En cela c'est un trésor incomparable qui nous aide au quotidien.


Parmi les innombrables postures que compte le Yoga, il en est une, merveilleuse, Shalabhasana, qui constitue un remède souverain à nombre des maux physiques et mentaux qui nous affligent, nous Occidentaux : le stress, l’anxiété, la sédentarité, le mal de dos. L’esprit de compétition et la quête constante de la rapidité nous éloignent à chaque instant un peu plus de nous-même. Cependant, faute de pouvoir changer le système dans lequel nous baignons, il nous est possible de prendre soin de nous en rétablissant constamment l’équilibre et l’harmonie dans notre corps et notre esprit, grâce au Yoga.


Pour profiter pleinement des bienfaits de Shalabhasana il est nécessaire de l’étudier en détail, d’en décrire la technique, mais aussi d’en préciser les nombreuses vertus. De cette façon, on ne passera pas notre chemin en méconnaissant l’existence de ce joyau. Nous pourrons ainsi pratiquer le cœur empli de reconnaissance envers ces Rishis, ces sages ancestraux qui, en méditation profonde, ont pu percevoir le Yoga et nous le transmettre pour nous aider à vivre mieux.


1.       REVENIR A L’ESPRIT DE LA DISCIPLINE
La posture, bien comprise, ne comporte absolument aucune difficulté matérielle, ni même aucun danger. Elle est accessible à tout le monde : enfants, adultes, personnes âgées, minces ou en surcharge pondérale…. Bien sûr, comme pour toute posture, il y a moyen de rendre l’approche plus ou moins audacieuse : selon nos capacités et de nos besoins, on adoptera telle ou telle variante impliquant un engagement physique plus ou moins intense. Mais l’essentiel n’est pas là, dans cette recherche de la difficulté technique. Bien au contraire !


Shalabhasana, comme tout exercice de Hatha Yoga, pourrait devenir redoutablement dangereux si on l’abordait avec un état d’esprit erroné. De même qu’il serait déraisonnable de tirer les moustaches d’un tigre endormi, il serait tout aussi fou d’aborder Shalabhasana l’esprit empreint de conceptions fausses. Quelles sont ces idées erronées dont il convient de purger notre esprit ? Précisément, celles qui imprègnent notre société moderne : la quête de la performance, la maximisation du profit, l’esprit de compétition. Appliquée à Shalabhasana, une telle déviance conduirait à chercher à monter les jambes le plus haut possible, à tout prix, l’esprit tendu vers ce résultat. Or, si les règles de gestion économique ont pleinement fait leur preuve auprès des entreprises, elles deviennent catastrophiques dans la relation avec soi-même : notre vie n’est pas un business !


Voilà pourquoi il est indispensable avant toute séance de Yoga d’effectuer un bref retour vers soi. Il n’est pas possible de pratiquer correctement sans passer par ce sas de décontamination où l’esprit renonce à son mode de fonctionnement ordinaire, conditionné. On va ainsi prendre quelques instants pour se remémorer la motivation juste, pacifique, positive qui nous inspire. On va se souvenir qu’on pratique pour développer nos capacités physiques, intellectuelles, morales et spirituelles ; pour devenir, en fin de compte, un être humain totalement épanoui.


Une fois que cet état d’esprit ravivé et stabilisé, il sous-tend alors chaque instant de notre pratique. Dès lors, tout ce qui est accompli, la plus petite chose, devient alors juste et bénéfique. C’est cette attitude intérieure correcte qui fait vraiment le niveau d’un pratiquant et non sa souplesse, sa musculature ou le nombre d’années qu’il a passé à transpirer sur le tapis !


Maintenant que vous avez pleinement en tête l’importance toute relative de la technique, il est possible de l’aborder tranquillement.


On décrira tout d’abord Ardha-Shalabhasana, la demi-sauterelle avant d’examiner Shalabhasana, la sauterelle complète.


2.       ARDHA SHALABHASANA


·         Attitude de départ
On commence par s’allonger à plat ventre, les bras tendus le long du corps, les paumes en contact avec le tapis. Le front repose tout d’abord au sol afin de bien dégager les filets nerveux de la région cervicale.
Puis, on fléchit les bras. L’importance de la mobilisation des bras est à ce point déterminante que le nom de la posture attire notre attention sur elle. Comme on le sait, Shalabhasana désigne, en sanscrit, la sauterelle. Cet animal possède des pattes arrière tellement puissantes qu’elles lui permettent de soulever son corps et de décoller ainsi du sol. Nous n’allons certes pas effectuer des bonds dans la salle, mais retenons cette idée essentielle : l’appui sur les mains doit être tel qu’il permette de transférer au maximum le centre de gravité du corps vers le haut, c’est-à-dire vers les épaules. La mobilisation des membres supérieurs est donc essentielle pour permettre le soulèvement des membres inférieurs.


Pour que l’appui des mains permettre de produire un effet de levier maximal, il importe qu’elles soient très précisément placées c’est-à-dire ni trop avancées, ni excessivement maintenues en arrière. L’expérience et l’entrainement répété montrent que le placement optimal se situe dans la région du bassin. Le dessin figurant ci-dessous fait apparaitre un placement incorrect des mains : l’appui pris sur elles ne favorise aucunement le soulèvement des jambes.



Les coudes sont trop fléchis - l'appui sur les mains insuffisant -les jambes ne peuvent pleinement se soulever







Les coudes fléchis, on essaye de garder les épaules plaquées au sol. Toutefois, compte tenu du volume de la poitrine et de la sensation douloureuse qui pourrait résulter de sa compression au sol, les femmes veilleront à modérer leur effort. Quant aux hommes, pour lesquels cette difficulté ne se présente pas, ils veilleront scrupuleusement à conserver les épaules sur le tapis.


On rejette alors les deux épaules en arrière afin d’amener une forte contraction musculaire entre les omoplates.


On place enfin le menton au sol, ce qui incurve la région cervicale et contracte la musculature de cette zone.


Tout ceci constitue le placement préparatoire.



 ·         Entrer dans la posture
Ardha Shalabhasana - la demie Sauterelle
Pour entrer dans Ardha Shalabhasana, on soulève alors la jambe gauche du sol. Cette jambe doit être décollée, mais pas trop, pour permettre une mobilisation musculaire intense, sans être toutefois cause d’un épuisement prématuré. Cette jambe gauche est tendue. On s’abstiendra donc impérativement de la fléchir, ce qui demanderait, certes, moins d’efforts, mais réduirait considérablement les effets bénéfiques de la posture.


La jambe droite repose passivement au sol. Il importe donc de ne prendre aucun appui sur elle. On est pourtant redoutablement tenté de le faire en raison de notre conditionnement mental : esprit de compétition, souci de performance, croyance en la formule : «  plus c’est dur, plus ça doit être efficace ! ». Il nous faut donc être très vigilant pour ne pas céder à cette tentation.


Pour être certain de ne pas « tricher » on vérifiera que l’os du bassin demeure constamment plaqué au sol. En empêchant ainsi la crête iliaque gauche de décoller du tapis, on empêche le bassin de pivoter.


Parfois, certaines personnes décollent le pied droit de quelques centimètres du sol, tout en gardant la jambe tendue. Ceci est regrettable car on perd alors tout contraste de sensation entre la partie gauche, contractée, et la région droite, relâchée.


On demeure ensuite immobile et cette période constitue la phase statique de la posture. L’esprit se concentre alors sur la différence des sensations recueillies entre les parties droite et gauche du corps. Ce balayage s’effectue consciencieusement, en remontant lentement du bas vers le haut du corps : on passe ainsi en revue les muscles des mollets, des cuisses, puis des fessiers et de la région lombaire. Cet état des lieux attentif coupe court à la rumination des pensées ordinaires et permet ainsi de stabiliser l’esprit. Cette investigation permet aussi de mieux intégrer notre schéma corporel, c’est-à-dire la façon dont notre corps physique est constitué. Comme l’effort est modéré, l’esprit peut demeurer constamment sans tension, paisible. Le niveau de concentration peut encore être approfondi : on perçoit, et on intègre, l’évolution constante des sensations, la modification ininterrompue de tous les phénomènes.  


Garder une minute la posture de ce côté est excellent.


A chaque instant la respiration demeure normale, ample, régulée. Nous reviendrons sur l’importance déterminante de cette respiration qui conditionne l’obtention de nombreux bienfaits dans cette posture.


On repose ensuite la jambe au sol et on savoure la détente. Puis on procédera de façon symétrique en soulevant la jambe droite, et en laissant la jambe gauche reposer au sol, totalement détendue.


Ardha Shalabhasana produit des effets très proches de ceux de la posture complète. Cependant, comme la mobilisation musculaire y est particulièrement douce, l’adoption d’Ardha Shalabhasana permet de bien stabiliser l’esprit et de préparer les muscles au travail plus intense qui sera accompli dans la posture complète. La demi-posture est donc une pratique qu’il est recommandé d’effectuer avant de passer à Shalabhasana. Cependant, des pratiquants avancés pourront se dispenser d’elle.


3.       SHALABHASANA


·         La posture de base
La position de départ est exactement la même que pour Ardha Shalabhasana. Nous rappellerons toutefois un élément clef : les mains doivent être placées de telle façon que l’appui pris sur elles permette le transfert du centre de gravité du corps vers les épaules. Grâce à l’effort intense qui se trouve ainsi déployé, la poitrine et le menton se trouvent plaqués très vigoureusement au sol, à tel point qu’il devient alors impossible de décoller le menton du tapis.
Shalabhasana - posture complète


Ainsi installé, la musculature de l’arrière du corps se trouve vigoureusement contractée sur toute sa longueur, c’est-à-dire depuis la région cervicale jusqu’aux mollets, en passant par les omoplates, la région lombaire, les fessiers et l’arrière des cuisses.


Une fois le corps immobilisé, cette phase statique peut être utilement conservée une à deux minutes, selon les possibilités de chacun.


Bien sûr, plus les jambes seront soulevées et plus la musculature sera mise intensément à contribution, ce qui sera très fatigant. Mais, certaines personnes ont besoin d’un engagement physique très intense. On cherchera ainsi à dégager un compromis tel que la posture puisse être conservée totalement immobile suffisamment longtemps, tout en suscitant une contraction musculaire suffisamment puissante. Une grande liberté est donc laissée à chaque pratiquant pour lui permettre de moduler la posture à loisir.


On proscrira toute attitude violente consistant à vouloir monter les jambes le plus haut possible et le plus vite possible. On n’en recueillerait que des déconvenues. Plutôt qu’une attitude grossière et brutale, on préconisera une mobilisation consciente et progressive des différentes chaines musculaires de l’arrière du corps. Une telle approche paisible durant la phase dynamique permettra d’accentuer la stabilité de l’esprit durant toute la phase statique.


Enfin, quand on décidera de redescendre, on le fera sans à-coup, sans précipitation, en évitant tout écroulement physique ou mental. Une fois allongé on goutera le confort du repos , tout en gardant l’esprit attentif à tout ce qui continue d’évoluer, de se transformer en nous.
Variante avancée à laquelle il faudra peut être renoncer !


·         Les aménagements possibles
Nous avons décrit la posture traditionnelle, orthodoxe, l’attitude dont il est souhaitable de se rapprocher le plus possible. Cependant, compte tenu de nos capacités individuelles et de nos limitations propres, il est possible, dans certaines circonstances, d’apporter quelques aménagements à la référence classique. Bien sûr, ils atténueront les bienfaits de la posture, mais ce sera à la marge, sans en trahir les principes fondamentaux. Il ne s’agit donc pas d’être laxiste, et d’accepter des compromissions honteuses, mais simplement, dans un esprit universaliste, d’ouvrir au plus grand nombre l’accès à cette posture qui constitue un des piliers du Hatha Yoga.


·         En cas de lumbago ou de sciatique
Il est possible d’adopter Shalabhasana en cas de lumbago, voire de sciatique, ce que j’ai eu à faire il y a quelques années, pour mon plus grand bien, après un déplacement cahoteux dans le Sahara, à bord d’un car aux amortisseurs moribonds. C’est sans doute déroutant de recommander l’usage d’une telle posture dans ces conditions car on serait, de prime abord, précisément tenté de l’exclure absolument pour recouvrer la santé.


Bien sûr, si la variante aménagée qui vous est proposée ici n’est pas respectée scrupuleusement, on ne manquera pas d’aggraver le problème au lieu de le régler. Mais, ceci constitue la limite à laquelle on ne peut, hélas !, que se heurter : on ne peut pas faire grand-chose pour aider les personnes qui n’ont pas renoncé à la violence envers elles-mêmes : toute pratique susceptible de les soulager sera immanquablement tordue et retournée contre soi-même pour se blesser. Il n’est alors possible que de leur enjoindre, du fond du cœur, d’apprendre à se respecter et, peut-être, pour cela, d’aller consulter un psychologue avant de revenir paisiblement vers le Yoga.


Comment donc procéder avec Shalabhasana en cas de douleur lombaire? C’est lumineusement simple : on va faire comme si on voulait décoller les jambes, mais on va s’empêcher absolument de les soulever. A quoi bon alors recourir à cette posture, si c’est pour ne pas bouger ? Cela sert à mobiliser les muscles de l’arrière du corps, à les contracter pour qu’ils s’étoffent et que tout le dos soit ainsi protégé.


On est donc allongé à plat ventre, les bras placés le long du corps, tout l’arrière du corps tendu, roide. Vous avez déjà vu un chat à l’affut, fixant de l’œil un pigeon : son corps est à l’arrêt, pas même un poil ne bouge, tandis que tous les muscles de son corps sont mobilisés. On va donc imiter ce félin en adoptant Shalabhasana : totalement immobile, à plat ventre, sans aucun mouvement pour ne pas malmener le disque intervertébral qui a été endommagé, on demeure avec les fessiers et le dos contractés. D’ailleurs, quand on effectue ce travail, on sent que cela nous soulage. Et il n’y a rien d’étonnant à cela : le lumbago, la sciatique sont apparus suite à un mauvais mouvement, une torsion du tronc combinée à une flexion vers l’avant de la colonne. Mais ce mauvais mouvement n’aurait pu produire cette lésion du disque intervertébral si le dos avait été suffisamment musclé.


En prenant donc Shalabhasana aménagé, on va fortifier le dos et donc améliorer un des facteurs à l’origine de notre mal de dos.


Quand la douleur aura disparu il faudra se souvenir que les mêmes causes produiront inévitablement les mêmes effets et que, par conséquent, ce lumbago ne tardera pas à réapparaitre si le dos s’affaiblit de nouveau. Il conviendra alors d’adopter une variante douce de Shalabhasana, et cela durant toute la vie, à raison d’une à deux fois par semaine, pendant une quinzaine de minutes en tout. Ceci parait bien contraignant, mais quand on a bien souffert, qu’on est même resté paralysé quelque temps par la douleur et qu’on a éprouvé cet état misérable, on consent d’assez bon cœur à la discipline recommandée. Puisse mon expérience être utile à d’autres !


Pour se rétablir complètement de se mal de dos, on aura soin d’adopter aussi Pavana Muktasana (voir notre article consacré à cette posture) afin de renforcer la sangle abdominale, ce qui permettra de placer dorénavant le bassin correctement. Enfin, on veillera dans nos activités quotidiennes à garder la colonne bien droite, bien étirée, en adoptant les bonnes positions, ce qui nous donnera peut-être l’air altier d’un hidalgo, mais ce n’est pas très grave !


·         en cas de douleur cervicale
La posture traditionnelle suppose un appui sur le menton. Toutefois, si la région cervicale est sensible en raison d’une arthrose cervicale, d’un torticolis, ou d’un accident du type « coup du lapin », il est possible de ne prendre aucun appui sur le menton, voire même de déposer directement le front au sol afin de dégager totalement la zone cervicale. Certes, une telle liberté prise avec la posture classique limite un peu les bienfaits de celle-ci. Cependant, cet aménagement ne remet pas en cause les bienfaits qui découlent de la mobilisation des muscles dorsaux, lombaires, fessiers, ainsi que des ischio jambiers et du triceps sural.


·         En cas de gêne à l’épaule ou dans le membre supérieur
Si l’on souffre d’une douleur à l’épaule, dans le bras ou l’avant-bras, il est possible de se dispenser de la flexion des coudes et de l’appui sur les mains. Dans ce cas, on garde les bras passifs, allongés au sol, le long du corps. Un tel accommodement limitera le transfert du corps vers l’avant, mais sans contrarier la mobilisation musculaire à l’arrière du tronc et dans les membres inférieurs. Les Anglais recommandent sagement  de « ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain », nous essaierons, tout aussi sagement, de sortir du dilemme « tout ou rien ».


4.       les bienfaits de la posture
Les effets bénéfiques de Shalabhasana sont nombreux et aisément perceptibles. Leur claire compréhension constituera un atout supplémentaire dans la mise en œuvre régulière de cet exercice qui constitue une des bases du Yoga.


·         La régénération du système nerveux
La posture dans sa forme classique conduit à une mobilisation généralisée de la musculature de tout l’arrière du corps, depuis la nuque jusqu’aux talons. Cette contraction musculaire produit un fort afflux de sang frais dans toutes ces régions. Or, l’ensemble de cette zone cervicale, dorsale et lombaire se trouve irriguée par le réseau des nerfs qui émergent de part et d’autre de la moelle épinière. C’est ainsi l’ensemble du système nerveux qui se trouve revitalisé, dans sa double composition sympathique et para sympathique grâce à cette posture.


Shalabhasana constitue ainsi un outil précieux pour éliminer les effets néfastes du stress qui nous affectent plus ou moins : burn out professionnel, troubles digestifs, douleurs dans les mâchoires ou les épaules, attaques de panique, insomnie, spasmophilie, mais aussi troubles mentaux tels que l’irritabilité, l’état dépressif, la nervosité, l’anxiété ou la difficulté à se concentrer. En recourant à cette posture vous n’allez pas perdre votre efficacité au travail, bien au contraire, vous disposerez de plus de ressources intérieures, de ressort, et les personnes de votre entourage pourront, auprès de vous, trouver un pôle de stabilité.


·         Renforcer la musculature de tout l’arrière du corps
Un muscle se développe, s’étoffe à condition d’être sollicité, contracté. Par conséquent, l’adoption régulière de Shalabhasana conduit au renforcement de la musculature de tout l’arrière du corps.  : celle de la région cervicale qui permet d’avoir un bon maintien de la tête, celle du dos, souvent malmenée par une vie sédentaire, mais aussi celle des fessiers, des ischio jambiers et des mollets, qui permet d’avoir une silhouette harmonieuse.


·         la revitalisation des viscères abdominaux
Comme nous l’avons indiqué, le soulèvement, même très limité, du bas du corps engendre un accroissement de la pression intra abdominale. La combinaison de ce phénomène avec le maintien d’une respiration ample, c’est-à-dire dans laquelle le diaphragme se trouve fortement mobilisé, favorise la circulation du sang veineux qui peut stagner dans l’abdomen et le bassin en raison d’un mode de vie trop statique. Ainsi, un sang fortement chargé en oxygène va pouvoir irriguer ces viscères et éviter le vieillissement prématuré de ces régions et leur nécrose.


Le maintien durant toute la posture, tant durant la phase dynamique que statique, d’une respiration correcte est donc primordial. Malheureusement, ceci est trop souvent négligé. Pour contrecarrer notre tendance spontanée à revenir vers la petite respiration superficielle et haletante il est nécessaire de cultiver la vigilance et donc, de garder un esprit concentré durant toute la posture. Bien sûr, les pratiquants débutants feront comme ils le peuvent. Mais, progressivement, au fil des semaines, puis des mois, ils sentiront leur pratique devenir plus profonde, plus consistante et ainsi chacun pourra progresser tout au long de son existence.


·         Effets énergétiques
Cette posture favorise l’activation de la Kundalini, l’énergie ensommeillée mais présente en tout être humain. Son activation sera favorisée par la contraction du périnée qui sera maintenue durant la phase statique de la posture.


 5.       Contre-indications
Nous avons décrit la posture classique accessible à toute personne en parfaite santé et présenté différents aménagements auxquels on peut recourir afin de concilier l’idéal avec nos capacités physiques et mentales du moment.


On perçoit ainsi que Shalabhasana est très largement accessible à condition, bien sûr, de ne pas se comporter comme un « kamikaze » prêt à sauter sur tout obstacle pour se faire mal.


Dans ces circonstances, est-il vraiment utile de rappeler que si vous souffrez d’un lumbago vous vous abstiendrez de soulever les jambes, sauf à vouloir rentrer chez vous à quatre pattes ou sur une civière? Faut-il souligner que si vous êtes au septième mois de votre grossesse vous trouverez sans doute que l’appui sur le ventre est douloureux et donc à proscrire ? Avec un peu de bon sens, et guidé par cet esprit de bienveillance qui doit vous servir constamment de boussole, vous parviendrez à éviter ces quelques écueils sur lesquels vous pourriez vous échouer.


CONCLUSION
Shalabhasana, et sa posture préparatoire, Ardha-Shalabhasana, pourront vous accompagner tout au long de votre vie, et leur pratique régulière vous aidera à prolonger longtemps votre existence. Grâce au calme mental que ces postures favorisent vos actions quotidiennes deviendront plus harmonieuses, plus bénéfiques et vous accumulerez ainsi de précieux mérites. Ainsi Shalabhasana, occupera une place de choix, véritablement irremplaçable, dans votre pratique du Hatha Yoga.
 

POSTURE SUR LA TÊTE

La posture sur la tête (Kapalasana, en sanskrit) nous fait parfois rêver en raison de son coté un peu acrobatique. Il est vrai : la tête en bas, les pieds en l’air, voilà qui n’est pas commun !



 Quand j’ai découvert le Yoga, alors que j’étais étudiant, cette posture me fascinait presque. Je savais instinctivement que cette posture ouvrait la porte à tout un monde de possibles. Cependant, malgré mes efforts répétés lors des cours en salle, il m’était impossible de réaliser cette posture. Il me fallait donc trouver une méthode, quelque chose de fiable et d'assuré qui me permette de progresser à mon rythme.

Cette méthode, la voici; je voudrais la partager avec vous.  

1 Lever les obstacles mentaux

De façon générale, Kapalasana est très largement accessible aux personnes qui suivent régulièrement notre cours de Yoga. Le poids, quelques kilos de trop, ne constituent pas, en réalité, un obstacle insurmontable. Pas plus d’ailleurs qu’une musculature un peu lâche. Mais très souvent, je vois des personnes caler devant l’obstacle en raison d’un blocage mental, alors qu'elles disposent des capacités physiques requises. Notre esprit, très puissant, parvient à dresser des barrières insurmontables fondées sur la peur. 

Cette peur, il nous faut la reconnaitre pour pouvoir la dépasser. Il y a tout d'abord la peur du danger : « Ma tête ne va-t-elle pas exploser si elle reste en bas ? Et si je perds l’équilibre, ne vais-je pas me rompre le cou en chutant ? » Peur du ridicule ensuite : « Pour qui vais-je passer si je n’arrive pas à soulever mon bassin? Ne vais-je pas me donner en spectacle si je perds l'équilibre ? » Quand de tels doutes se frayent un chemin dans notre esprit, on se donne alors une fausse bonne raison pour ne pas se lancer vraiment : « Ces acrobaties, ce n'est plus de mon age. C’est juste bon pour les enfants ! »

Comment lever ces obstacles, ces Himmalayas que l'on se construit intérieurement ? Tout d'abord, il faut se faire confiance : tout s'apprend et l'on n'est pas plus maladroit qu'un autre. Faire confiance aussi aux autres personnes qui nous entourent : elles sont là pour prendre soin d'elles-mêmes tout comme nous, avec un esprit ouvert et bienveillant. Avoir confiance dans le professeur qui aidera, encouragera, soutiendra vos efforts parce qu'il a lui-même été confronté aux mêmes difficultés et les a dépassées. Et puis, faire confiance à la méthode qui a permis à des milliers d'apprentis Yogis, bien avant vous, de prendre plaisir à mettre en oeuvre cette posture.

Voici donc quelques recommandations qui pourront vous être utiles. Si vous craignez un peu le ridicule, isolez-vous et entrainez-vous un peu à l'abri des regards. La plupart du temps , une ou deux tentatives suffiront pour lever les obstacles et obtenir un succès certain. C'est ce que j'ai fait moi-même : ayant appris en cours la méthode que je vais vous expliquer, je me suis installé dans ma chambre, un soir, et tout s'est alors très bien passé.

Il peut être utile de configurer un peu le lieu de pratique : déposer des coussins au sol, au cas ou l'on perdrait un peu l'équilibre; dégager un peu le périmètre autour de soi, afin de ne pas emporter le lampadaire par inadvertance; ou encore se placer devant un mur pour être sûr que le dos reste bien droit et que l'on garde l'équilibre.... Aménagez l'espace pour vous sentir vraiment bien et générer les conditions de la confiance. 

Peut-être aussi préparez un peu votre corps physique en accomplissant quelques salutations au soleil, afin de ne pas vous sentir rouillé. Et si vous sentez que faire des prosternations devant la photo de votre grand-mère est de nature à vous aider, ne vous en privez pas ! Accordez vous tout ce dont vous sentez avoir besoin.

Enfin, dernier conseil, ne soyez pas trop dur avec vous : vous allez progresser, c'est certain, mais cela se fera à votre rythme, à une vitesse que vous ne connaissez pas et que vous ne pouvez qu'accepter. Donc, ne vous rouspétez pas de ne pas avancer suffisamment rapidement : Rome ne s'est pas faite en un jour ! 

Ces principes fermement posés, procédez maintenant comme il suit.

 

2 Une méthode sécurisée

Il existe une procédure parfaitement fiable et sécurisée qui va vous permettre d' adopter Kapalasana.  Si l'innovation est dans certains domaines recommandée, je vous conseille ici de renoncer à toute forme d'improvisation pour suivre la voie classique du succès.

Pour paraphraser Platon, il faudrait que chaque apprenti Yogi se convainque : "Que nul n'entreprenne Kapalasana s'il n'est géomètre !" En effet, le souci de l'exactitude dans le positionnement des mains et de la tête constitue la clef de Kapalasana. Elle ne souffre aucune approximation, sinon c'est la chute !

 

. La constitution du triangle d’appui

Tout d'abord, il faut s’asseoir sur les talons et poser les avant-bras au sol, une dizaine de centimètres devant soi en insérant les mains dans le pli des coudes. Puis, il faut déplier les avant-bras de façon que les extrémités des doigts des deux mains se touchent. On constate alors de visu que nos avant-bras et nos mains forment les deux cotés d’un triangle équilatéral (ABC).



Ensuite, on place la tête au sommet de ce triangle (point A). Plus précisément, on veille à ce que la région posée au sol soit le haut du front (à la naissance des cheveux). A la base du triangle (points B et C), on dispose le centre des paumes.



Si les coudes partent vers l’extérieur, on les ramènera vers soi, en faisant un peu pivoter les poignets. 

Vous disposez alors d’un solide trépied qui va vous permettre de prendre un appui ferme et de poursuivre la posture sans difficulté. 

L’expérience révèle que, dans la moitié des cas, les personnes qui ne parviennent pas à prendre Kapalasana ne placent pas leurs mains et leur tête aux bons endroits. Cinq centimètres de trop à droite, autant à gauche, et les proportions justes ne sont plus respectées ! Il vous arrive alors ce qui survient à toute construction bancale : sans fondations fermes, les murs et le toit s'effondrent immanquablement! 

Si votre première tentative n'a pas été couronnée de succès, ne perdez pas courage, apprenez de vous-même, recommencez, en vérifiant bien vos placements initiaux. 

 

. Placer le bassin au-dessus de la tête

Toujours en étant assis sur vos talons, vos orteils accrochent le sol et vous soulevez le bassin. Ceci vous amène mécaniquement à tendre les jambes. Vous avancez alors le pied droit de 10 cm, puis le pied gauche, et recommencez ainsi de suite.... Vous constatez alors que votre dos se redresse lentement et que vos genoux se rapprochent de vos coudes.



 Si vous redoutez une chute, vous pouvez vous placer dix centimètres devant un mur.



Vous pouvez alors poser tranquillement un genou sur un coude, puis l’autre genou sur l’autre coude. 



"Plus facile à dire qu'à faire" me direz-vous. Il vous faudra parfois un peu de patience et de persévérance à ce stade.


Vous êtes alors en équilibre et vous disposez d'un appui ferme sur les mains et sur la tête (votre trépied). Ce stade doit être consolidé et il ne faut surtout pas chercher à déplier précipitamment les jambes. De nombreux bienfaits de la posture inversés sont déjà obtenus à ce stade élémentaire, bienfaits qui seront amplement détaillés dans un autre article. Il est donc nécessaire d'apprivoiser cette phase,  de s'y sentir bien. Ce n'est que lorsque l'on aura une conscience bien claire, une expérience véritable des effets positifs de cette phase élémentaire qu'il sera utile d'aller plus avant et d'aborder la phase finale de la posture.

Beaucoup de débutants sont trop pressés, ne pensent qu'à agir sans rien sentir, sans rien vivre de profond. Ils ressemblent à ces alpinistes inconscients qui montent vers des sommets au péril de leur vie, uniquement par orgueil. Ceux qui prennent Kapalasana à la hussarde, déplient les jambes, sans réelle stabilité physique et mentale, redescendent précipitamment, dans un atterrissage qui ressemble plus à un crash, et se sentent finalement mal, se promettant de ne plus jamais reprendre cette posture !  

 

. le déploiement des jambes

Lorsque l'on se sent bien physiquement et mentalement, qu'on apprécie véritablement la phase précédente avec les genoux fléchis, il est tout à fait possible de déplier les jambes.



Conclusion

Vous disposez maintenant d'une méthode fiable et validée par une lignée ininterrompue de Yogis qui se sont succédés au fil des siècles.

Pour nous, Occidentaux, qui menons une vie mouvementée, garder la posture 1 à 2 minutes constituera une excellente pratique journalière. 

Les bienfaits de Kapalasana sont si nombreux et puissants, notamment pour lutter contre les méfaits de la sédentarité, qu'ils nécessitent un article spécial.  En parler ici, aurait donné une tournure indigeste à cet article, et je ne voudrais pas vous détourner de quelque façon que ce soit des merveilleux bienfaits du Yoga !

Christian LEDAIN

Professeur de la Fédération Française de Hatha Yoga

 


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