Deux personnes m’ont sollicité il y a quelques jours afin d'aider leurs proches éloignés géographiquement. Une dame voulait réconforter sa sœur située à plusieurs centaines de kilomètres et qui souffre de difficultés psychologiques importantes ; l’autre dame voulait soutenir ses parents âgés vivant au Japon, et particulièrement son père atteint de la maladie de Parkinson. J’ai été touché par le désarroi de ces deux personnes et par leur douloureuse sensation d’impuissance. Se sentir incapable d’aider une personne que l’on aime est cause d’une grande souffrance. Aussi, j’ai voulu exposer une méthode que propose le Yoga, fort utile dans ces circonstances. En la suivant avec application, foi et persévérance, il est indubitable que vous parviendrez à être utile et bénéfique, et par la même développerez le potentiel considérable qui est en vous. La distance géographique n’est une séparation que sur le plan matériel. Mais l’énergie fait fi de ces contraintes physiques car elle vole à travers l’espace et parvient instantanément à son destinataire.
Soigner à distance par le Yoga
Il nous est parfaitement possible
d’aider une personne à distance en utilisant la pratique du Yoga, mais c’est
une connaissance largement méconnue. Nous n’avons pas, en effet, pas conscience
de l’étendue des pouvoirs de notre esprit car cela ne fait pas partie de notre
tradition. Tandis que l’Occident s’est appliqué à se rendre maitre de la nature
et à développer la technique, l’Orient s’est toujours consacré à la connaissance
et la maitrise de l’esprit. Les sages indiens ont ainsi développé une
conception de l’être humain fondée sur trois composantes : le corps
matériel, le corps subtil et l’esprit - ces trois éléments ne pouvant être
séparés les uns des autres et évoluant dans une constante interaction.
Le Yoga nous enseigne ainsi que
l’énergie peut être contrôlée, maitrisée par l’esprit. A l’occasion d’un cours
de Yoga, les postures que nous adoptons et les états mentaux que nous générons permettent
au Prana (souffle vital) de circuler de façon harmonieuse, ce qui favorise ainsi
une excellente santé. Mais, bien souvent, cette régulation s’opère en nous de
façon inconsciente : on en ressent les bienfaits sans savoir trop comment
la pratique a pu agir si favorablement sur nous. Il est toutefois possible de diriger
volontairement cette énergie vitale, soit vers telle région à l’intérieur de
notre corps, afin d’éveiller telle ou telle faculté, soit vers l’extérieur de
notre corps pour en faire bénéficier autrui.
Ces principes vous sont sans
doute déjà connus et je me borne à les évoquer pour replacer votre esprit dans
un environnement familier : la pratique qui suit n’en est que le prolongement
naturel.
Swami Shivananda dans son ouvrage
Science du Pranayama (édition du
Centre International Sivananda de Yoga Védanta, page 86,) expose cette technique
de soin. Je reproduis le paragraphe concerné, avant de fournir quelques
explications.
1.
Le texte de Swami Shivananda :
Guérison à distance
On l’appelle aussi « traitement par absence de traitement ».
Vous pouvez transmettre votre Prana à distance à votre ami. Il faudra qu’il ait
une attitude réceptive. Vous devez vous sentir « en rapport » (en
français dans le texte anglais) – (en relation directe avec lui et avoir de la sympathie)
avec cet homme que vous soignez selon les principes de la guérison à distance.
Vous pouvez convenir par correspondance avec vos patients, d’une heure
fixe de rendez-vous. Ecrivez-leur : « Soyez prêts à 4h. du matin.
Ayez une attitude mentale réceptive. Etendez-vous confortablement, dans un
fauteuil. Fermez les yeux. Je vais vous transmettre mon Prana ». Dites
mentalement au malade : « Je te transmets une réserve de Prana
(force vitale) ». Pratiquez Kumbhaka lorsque vous envoyez le Prana.
Pratiquez aussi la respiration rythmique. Ayez une image mentale du Prana
quittant votre corps à chacune de vos expirations ; sentez qu’il traverse
l’espace et entre dans le corps du malade. Le Prana lorsqu’il voyage, est aussi
invisible que les ondes radio et il flamboie comme l’éclair dans l’espace. Le
Prana coloré par les pensées du guérisseur est projeté dehors. Vous vous
rechargerez en Prana si vous pratiquez Kumbhaka. Ceci demande une longue
pratique, assidue et régulière. »
‘
2.
Commentaires
Plutôt que de guérison à distance, je préfère parler
de soin à distance car c’est la
personne qui va guérir, certes avec l’aide du soin énergétique. Il importe donc
de ne pas s’attribuer à tort une responsabilité que l’on n’a pas.
Pour effectuer correctement ce soin à distance plusieurs conditions
doivent être réunies.
2.1.
Etablir la motivation juste
Le premier élément, et le plus
important, a trait à la motivation. L’intention doit être généreuse, altruiste :
il s’agit de porter secours à une personne qui souffre physiquement et/ou
mentalement. Est-il utile préciser que toute personne qui chercherait à
utiliser les pouvoirs de l’esprit et les techniques du Yoga à des fins
nuisibles en subirait immanquablement de terribles conséquences.
Votre juste motivation vous servira constamment de boussole :
vous saurez que vous avancez dans la bonne direction chaque fois que vous serez
inspiré par cet esprit altruiste.
2.2.
Une motivation partagée
Il est impossible de faire le
bonheur des personnes malgré elles : on peut vouloir les aider, mais si elles
ne sont pas décidées à faire quelque chose pour elles, on mobilisera en vain
des flots d’énergie.
Il faut donc s’assurer que la personne veuille réellement
aller mieux, ce qui suppose parfois qu’elle modifie son comportement général.
2.3.
Une personne à qui l’on se sent relié
Il est plus facile d’aider une
personne que l’on connait et que l’on apprécie, avec laquelle on se sent
« des atomes crochus » : parents, enfants, amis. De cette façon,
la motivation est spontanément puissante et l’image de cette personne se
présente plus facilement à notre esprit.
Toutefois, il ne faudrait pas
exclure par principe tous les autres êtres du champ de notre intérêt. Vouloir
n’aider que ceux qui sont blancs, ou jaunes de peau, ceux qui sont français, ou
de telle nationalité, serait une vue étriquée, une discrimination totalement
injustifiée. Que penserait-on d’un médecin qui ne voudrait soigner que certaines
personnes, et pas les autres ?
Par facilité uniquement, on va donc
commencer par aider ceux qui nous sont spontanément chers. Puis, à mesure que notre humanité se développera, nous
pourrons étendre avec succès notre bienveillance active à un cercle de
personnes de plus en plus large.
2.4.
Se représenter clairement la personne
Quand on veut envoyer une lettre
à une personne, on a besoin d’un minimum d’informations : connaitre son
nom et son adresse. De cette façon, le courrier lui arrivera très facilement.
Mais si nous ne connaissons pas le numéro de la rue, la Poste devra effectuer
des recherches pour trouver notre destinataire, ce qui sera donc plus
difficile.
Il en va de même pour un soin à
distance. Pour que l’on puisse se relier à une personne et l’aider efficacement
il faut pouvoir la caractériser, l’individualiser, la discerner. Il est ainsi nécessaire
de se la représenter clairement et d’avoir son image à l’esprit durant le soin.
S’il s’agit d’une personne qui nous est inconnue, une photographie sera utile
ou, à défaut, une page d’écriture, qui serviront de fil d’Ariane pour nous relier
à cette personne et de soutien à notre concentration.
2.5.
Préparer l’organisation du soin
Pour que notre soin ait le plus
de chance de réussir, il convient de créer toutes les conditions favorables.
Voilà pourquoi on va convenir avec la personne du moment où on va lui adresser
de l’énergie. Cela lui permettra d’être concentrée et de mieux assimiler ainsi l’énergie.
Il vous est sans doute arrivé
d’allumer la radio, mais vous pensiez à autre chose et vous n’avez pas vraiment
entendu ce dont il était question. Des ondes radio ont pourtant bien été émises ;
mais elles ont mal été reçues. Pour un soin à distance, il en va de même :
il est nécessaire que les deux personnes, l’émetteur et le récepteur, se
concertent et se rendent pleinement disponibles. Ainsi, par les moyens de
communication disponibles (courrier, téléphone, ou mail) on conviendra des
modalités pratiques : « demain 11 février, à 12h45 je vais t’envoyer de
l’énergie ».
Swami Shivananda parle de 04h00
du matin qui constitue une heure particulièrement propice pour les pratiques de
Pranayama. Maintenant, ne vous empêchez pas de choisir un autre horaire si celui-ci
est rédhibitoire. Disons simplement qu’une pratique effectuée au lever sera
plus facile à conduire pour certaines personnes car leur esprit n’est pas
encore accaparé par les préoccupations quotidiennes et que leur corps se trouve
reposé.
Il est essentiel que la personne émettrice soit assise, le
dos bien droit afin que l’énergie circule en elle correctement. Il convient
aussi que la personne réceptrice soit confortablement installée et détendue pour
se rendre pleinement disponible au soin.
2.6.
L’envoi de l’énergie avec kumbhaka
L’énergie circule instantanément
et parvient immédiatement à son destinataire. La distance physique,
l’éloignement, n’ont aucune incidence sur la circulation du Prana dès lors que
dans l’esprit des deux personnes ne s’élève aucun blocage mental. Bien sûr, si l’émetteur
doute et pense : « je vais essayer, mais je n’y crois pas vraiment »,
il ne se passera absolument rien car l’esprit de la personne est fermé. Il en
va de même pour la personne réceptrice : il est nécessaire qu’elle ait une
confiance entière, totale dans l’efficacité du soin. Mais, rassurez-vous, bien
souvent quand une personne ne va pas bien, ses résistances diminuent :
quand notre vie est en danger, on est plus disposé qu’auparavant à lâcher notre
attachement à l’ignorance.
Cette énergie que nous allons adresser,
nous la puisons dans notre « stock personnel », mais nous la générons
aussi à travers une pratique de Pranayama spécifique. Nous installons ainsi au
début du soin une respiration qui intègre une rétention de souffle avec les poumons
pleins (kumbhaka*). De plus, cette respiration
suit un rythme particulier : 1-4-2. Ainsi, nous allons prendre 2 secondes pour inspirer,
puis effectuer une rétention à plein durant 8 secondes, et enfin expirer pendant
4 secondes. On pourra très facilement
envoyer l’énergie pendant les rétentions de souffle.
L’envoi de cette énergie
constitue donc un acte mental, un acte réalisé avec l’esprit. C’est une intention,
une volonté créatrice d’effet (cf. notre article sur la notion de karma). Pour
formaliser cet acte mental on peut intérieurement réciter une phrase à laquelle
on adhère totalement, du genre : « je te transmets de l’énergie
vitale », ou « je t’envoie de l’énergie afin que tu ailles
mieux ».
Pour activer l’énergie, vous vous
représentez la personne comme si elle était là « pour de vrai » et vous
visualisez l’énergie vitale sous la forme d’un rayon, ou d’une onde, qui part
de votre corps, voyage à travers l’espace et parvient aussitôt à son
destinataire.
Cet envoi de l’énergie dure quelques respirations, ou
quelques minutes, selon vos capacités.
Après le soin, on maintient la
respiration avec Kumbhaka encore
quelque temps afin de se recharger en énergie.
Il s’agit donc d’une pratique extrêmement simple.
3.
CONCLUSION
Swami Shivananda finit son exposé
en disant que cette technique « …
demande une longue pratique, assidue et régulière. »Il ne faudrait toutefois
pas se décourager en lisant ces mots. Vous avez déjà une familiarisation
profonde avec le Yoga, de plus votre motivation, votre désir de venir en aide à
cette personne est très fort : nécessairement votre pratique produira un
effet bénéfique dès la première fois. Et à mesure que vous persévérerez, vous
deviendrez de plus en plus efficace.
Bien sûr, pour effectuer des
soins à distance et se ressourcer à volonté, il existe aussi la pratique du
Reiki très répandue à travers le monde. Le Yoga y prépare fortement. Mais je
voulais ici présenter une technique tirée du Pranayama, peut-être plus accessible
aux personnes qui ne connaissent que le Yoga.
Je vous souhaite de tout cœur de l’utiliser pleinement et je
serai toujours très intéressé de savoir ce que vous avez pu faire de bien en la
mettant en œuvre.
Christian Ledain
*A propos de Kumbhaka,
Swami Shivananda précise : « Elle accroit la durée de vie. Elle
développe la force spirituelle intérieure, la vigueur et la vitalité. Si vous
retenez le souffle pendant une minute, cette minute est ajoutée à la durée
totale de votre vie. « (Science Du Pranayama, édition du Centre
International Sivananda de Yoga Védanta, p 61)