Comme tous les bandhas, il ne s’agit pas d’une pratique que l’on
effectue de façon habituelle dans la vie quotidienne. Il s’agit néanmoins d’une
pratique fondamentale du Hatha Yoga.
Les différents bandhas ont une
double vocation : permettre l’activation de l’énergie subtile et
contraindre celle-ci à suivre une orientation particulière dans le corps
subtil. En effet, sans l’installation des bandhas, le pratiquant du Yoga
courrait de graves dangers physiques et mentaux.
Pour des raisons de sécurité, Jalandhara Bandha doit impérativement accompagner toute rétention prolongée du
souffle poumons pleins, c’est-à-dire
toute rétention supérieure à 10 secondes.
2. Signification
L’étymologie va nous renseigner
sur la façon correcte d’effectuer ce bandha.
Bandha signifie, en sanskrit, à la fois « contraction
musculaire » et « verrou énergétique » : la contraction
musculaire va sceller l’énergie qui est activée dans une certaine région du
corps et, l’empêcher ainsi d’emprunter un certain chemin.
Jala veut dire « filet », « réseau ». Ce terme désigne
ici le réseau des artères et des nerfs du cou.
Dhara veut dire « vers le haut ».
Jalandhara bandha signifie donc « la contraction qui tire le
réseau d’artères et de nerfs du cou vers le haut ».
Pour obtenir ce résultat il
importe de procéder d’une façon méthodique.
3. Technique
Le traité de Hatha Yoga composé
au X° siècle, Hatha Yoga Pradipika,
énonce succinctement : « Après avoir contracté la gorge, l’adepte
fixera fermement le menton sur la poitrine » (HYP III, 70).
Ces indications, exactes, ne sont
néanmoins pas suffisantes pour mettre en œuvre le bandha de façon sécurisée. Il
convient donc de compléter cette description de deux façons :
. la contraction de la gorge doit
être conservée quand le menton est fixé sur la poitrine.
. le menton doit être plaqué
contre la fourchette sternale et non entre les deux seins.
Il devient alors possible
d’exposer la méthode :
.déglutir, avaler la salive, ce
qui a pour conséquence de provoquer une contraction toute particulière des
muscles du cou ;
. sans laisser la pomme d’Adam
redescendre, abaisser immédiatement le menton ;
. insérer le menton dans la
fourchette sternale et l’y maintenir fermement.
4. Contrôle
On vérifie que Jalandhara bandha est bien placé en
constatant que le passage de l’air se trouve bloqué dans la poitrine. Il est alors
devenu impossible d’inspirer ou d’expirer. On constate que Jalandhara bandha scelle ainsi véritablement l’air dans la
poitrine.
5. Justification
Il devient maintenant plus facile
de comprendre pourquoi il est nécessaire de placer Jalandhara Bandha lors
des rétentions de souffle avec les poumons pleins.
Ce bandha assure en effet, une double
fonction.
Tout d’abord, il modifie la
circulation du Prana pour l’orienter vers le bas du corps.
L’air qui se trouve inhalé à
l’inspiration et retenu dans la cage thoracique recèle de l’énergie (Prana). Cette énergie est absorbée par
l’organisme au niveau des fosses nasales et des alvéoles pulmonaires. Elle se
diffuse alors dans la région thoracique où elle circule. Elle y reçoit le nom
de Prana Vayu, une des cinq manifestations
du Prana à l’intérieur du corps
humain (cf. schéma des 5 Vayus).
Jalandhara bandha joue alors le rôle d’un déflecteur qui modifie
l’orientation de ce courant ascendant et va le diriger vers le bas du corps, en
direction du premier centre d’énergie, Muladhara
chakra.
Ensuite, Jalandhara Bandha protège
l’ensemble de notre système circulatoire sanguin.
Il suffit d’en faire l’expérience
par soi-même, en prenant notre pouls, pour constater qu’une rétention prolongée
du souffle à poumons pleins entraine une accélération du rythme cardiaque ainsi
qu’une augmentation de la pression artérielle. Un blocage prolongé de la
respiration pourrait ainsi provoquer un endommagement du cœur et des vaisseaux
sanguins.
Jalandhara Bandha va ici jouer le rôle d’un régulateur. En effet,
par ce bandha les nerfs carotidiens situés de part et d’autre du cou se
trouvent comprimés en douceur. Cette action, réalisée au niveau des sinus
carotidiens, entraine un abaissement de la pression artérielle et un ralentissement
des battements cardiaques.
Jalandhara Bandha constitue donc bien un véritable verrou de
sécurité que vous veillerez absolument à mettre en œuvre dans certaines pratiques
de Hatha Yoga, notamment le Pranayama.