D’un
autre côté, la présentation qui est faite du Hatha Yoga en Occident est souvent
assez pauvre et superficielle : le Yoga s’y trouve alors ramené à une gymnastique
alambiquée teintée d’exotisme. Soyons clair : la gymnastique est une
excellente activité car elle permet de garder notre corps physique en bonne
santé, et on ne saurait trop en louer la pratique. Cependant, le Yoga est bien
plus qu’une simple activité sportive : cette discipline engage toutes les
composantes de l’être humain et propose des exercices nous permettant de nous
libérer de nos difficultés émotionnelles qui sont au cœur des maux que nous
éprouvons dans notre société : stress, anxiété, irritabilité, nervosité,
agitation, dévalorisation de soi...
Entre
ces deux bornes - l’aspiration à mettre un terme au cycle des existences
conditionnées et la pratique sportive - il y a place pour une infinité de
nuances, différents niveaux de profondeur dans la pratique. Ainsi, chacun,
selon ses aspirations et ses aptitudes, peut trouver une approche du Hatha Yoga
qui lui convienne pleinement et lui permette de s’épanouir sur le plan
physique, émotionnel et spirituel. Il n’y a pas une façon unique de procéder,
il y a une grande richesse d’approches possibles et il est important que chacun
puisse s’épanouir selon ses choix.
Cette
grande liberté s’exerce toutefois à l’intérieur d’un cadre précis. On retrouve
ainsi certains principes fondamentaux inhérents à la pratique du Yoga.
Ces règles de base sont constitutives de la pratique même et on ne saurait sans
affranchir sans perdre l’esprit du Hatha Yoga. Le camembert lui-même a une
appellation d’origine contrôlée et n’importe quel fromage ne saurait en usurper
le nom ; ainsi en va-t-il de même pour le Yoga !
Je
voudrais ici ramasser en quelques phrases les éléments clefs de la pratique du
Hatha Yoga afin de vous permettre de disposer d’une boussole pour vous guider
dans votre cheminement personnel.
1)
La posture
Installez-vous
dans une position assise. Si la posture du lotus (padmasana), ou la
posture parfaite (siddhasana) ne vous sont guère accessibles - ce qui
est mon cas - n’en soyez pas trop contrarié et que votre esprit s’en détache
paisiblement. Installé en tailleur, ou sur une chaise, le dos bien droit,
prenez bien soin de repousser le menton vers l’arrière. Cette nuque raide vous
donne un air peu avenant, « pas commode », mais nous ne sommes pas là
pour plaire à qui que ce soit en ce moment. En étirant votre colonne vertébrale
et en effaçant bosse et creux, vous permettez aux souffles subtils (Vayus)
qui irriguent votre corps énergétique de circuler correctement. Comme les
états mentaux dont nous faisons l’expérience sont en relation directe avec la circulation
de ces « vents », il est essentiel que cet alignement de la colonne
soit mis en place.
La
posture dans le Hatha Yoga est donc essentielle et on se méprend
parfois à son propos: une posture n’est pas une attitude tarabiscotée,
c’est simplement une attitude saine, juste, qui fortifie le corps, permet
la bonne distribution de l’énergie à l’intérieur des canaux subtils (nadis)
et favorise la stabilisation de l’esprit.
A
contrario, essayez de réguler votre activité mentale en étant avachi, effondré
sur un divan ou allongé dans votre lit. Prenez vraiment le temps d’effectuer
une fois cette expérience, très instructive. Vous constatez que vous pouvez
très facilement ruminer les multiples problèmes de la journée et retourner dans
votre esprit toutes les contrariétés, les frustrations accumulées. Les émotions
cultivées des heures durant vont pouvoir ressurgir avec facilité. Mais si vous
essayez de réguler votre esprit et de générer des émotions bénéfiques,
positives vous allez vous rendre compte qu’en dépit de tous vos efforts
intellectuels, vous ne ressentez finalement pas grand-chose :
malgré toutes vos pensées, très peu d’amour, d’altruisme et de joie parviennent
à s’élever dans votre cœur.
Par
contre, sans vous apprêter particulièrement - même en pyjama ! - si vous vous
asseyez sur le rebord du lit, la colonne bien droite, les états mentaux
négatifs qui avaient pu obscurcir votre journée vont pouvoir se dissiper assez
facilement. Après avoir ainsi régulé votre esprit pendant quelques minutes,
vous pourrez alors vous coucher et dormir paisiblement sur les heureuses
pensées que vous venez de générer.
Vous voici
donc installé correctement, c’est-à-dire dans une posture. Ceci est
excellent : votre corps se trouve ainsi renforcé. Mais ceci ne suffit
toutefois pas à vous libérer des difficultés qui assaillent votre esprit.
2)
Le souffle
Maintenant,
prenez conscience de votre respiration. Laissez s’installer une respiration naturelle,
régulière et équilibrée. Laissez s’enchaîner en vous les étapes de la respiration
en trois parties : à l’inspiration votre abdomen se remplit, votre cage
thoracique s’ouvre, enfin vos épaules se soulèvent. Puis, vous accueillez
l’expiration et vous laissez vos poumons se vider, en chassant tout l’air de
vos poumons. Placez alors index et majeur de la main droite au milieu de votre
front. Fermez à droite et inspirez à gauche. Quand les poumons sont pleins,
fermez à gauche et expirez à droite. Quand vos poumons sont vides, inspirez à
droite. Puis fermez à droite et expirez à gauche. Effectuez plusieurs fois
d'affilée ce cycle respiratoire. Cette pratique constitue Nadi Shodana
(la purification des canaux subtils), dont la pratique journalière est
ardemment recommandée.
Bientôt
vous ressentez que les deux narines s’équilibrent. Et peut-être aussi
percevez-vous votre esprit s’éclaircir et quelque chose de subtil se modifier
dans votre humeur. Peut-être même identifiez-vous quelque chose s’activer entre
vos sourcils, comme un fourmillement. Ou encore, une certaine chaleur fait-elle
son apparition. Que ces perceptions soient présentes ou non, peu importe :
même si on ne perçoit rien, quelque chose opère cependant, un travail
souterrain s’effectue en vous ; et si on perçoit quelque chose, il
convient alors de ne pas trop s’y attacher.
Ainsi,
grâce à Nadi shodana vous avez régulé votre souffle grossier (la
respiration), ainsi que votre souffle subtil, et le Prana circule
mieux dans le réseau des canaux énergétiques. Ceci est excellent ! Et on a
encore progressé ! Mais, ceci ne suffit toutefois pas à nous libérer
complètement de toutes les difficultés qui nous affligent, toutes les tensions
mentales et autres contrariétés.
3)
Développer la concentration
Notre
mental se trouve dans une continuelle agitation, sans pourtant qu’on le perçoive,
tellement cet état est installé en nous depuis longtemps. Heureusement, la
pratique du Yoga nous permet d’apaiser notre esprit de façon naturelle et
progressive.
Dans
l’attitude que vous avez adoptée, gardez l’esprit placé sur le souffle. Quand
l’inspiration se déclenche, sentez simplement l’air pénétrer en vous. Lorsque
l’expiration se présente, accueillez la et sentez l’air sortir de vos poumons.
Demeurez dans la contemplation de cette respiration, l’esprit léger, semblable
à un oiseau posé sur une branche.
Même
si, au moment où l’on s’adonne à cette pratique, on aspire au calme, il est
possible que ce dont on fasse précisément l’expérience ne soit pas du tout
paisible. Nul prophète Yogi n’a dit : « Tu pratiqueras le calme mental et
le calme instantanément se fera en toi ! ». Certes, nous aimerions
bien qu’il en soit ainsi. Et nous y sommes incités par une société qui valorise
la vitesse. Mais cela n’aboutit, en fait, qu’à nous infantiliser : comme le
nourrisson, nous avons du mal à résister à la moindre frustration et nous ne
cessons de vouloir que nos désirs soient satisfaits sur le champ. Pourtant,
grandir, se structurer intérieurement, nécessite de développer la patience. Et
la pratique du calme mental nous permet d’affermir cette qualité fondamentale
de l’esprit.
Que
faire maintenant si une tempête s’élève en nous au moment où l’on pratique? On
pourrait être tenté alors de se dévaloriser, de se trouver nul, croire que l’on
ne sait pas pratiquer correctement et perdre foi en notre capacité à dépasser
nos difficultés. Or, faire l’expérience de cette agitation intérieure, c’est
vraiment pratiquer. Il ne peut pas en être autrement. Dehors, le temps est
parfois calme, parfois agité : on pourrait s’en prendre aux nuages et les
invectiver, mais cela n’aurait que peu d’effet. Le mieux est donc de les
laisser passer !
Ainsi,
lorsqu’on pratique et qu’une émotion forte s’élève en nous, - si par exemple
tel souvenir enfoui depuis l’enfance refait brutalement surface, du genre
« tatie Josette m’avait donné une claque à l’âge de cinq ans et je ressens
subitement une vieille rancune remonter quarante ans plus tard » -
simplement ne pas se démonter, garder le cap, poursuivre la pratique,
imperturbablement appliquer la méthode. Si des nuages noirs se forment dans notre
esprit, si la tempête déboule comme une furie, si les éclairs se mettent à
zébrer notre ciel intérieur, demeurer simplement dans la conscience de ce
qui se passe. Tout ce qui apparait, on le distingue, on le perçoit,
mais on ne fait pas corps avec, on ne s’y identifie pas : je
ne suis pas ces émotions qui s’élèvent, je ne suis pas cette agitation,
et je les laisse simplement passer, sans les redouter, ni chercher à les
combattre. Et ces nuages disparaissent alors, le vent soudain tombe et le
calme se fait en moi. Je ne fais rien, hormis laisser les choses se faire.
Je
perçois alors les bienfaits de ce lâcher-prise : je me blesse moins avec les
critiques, mon humeur se régule, je maitrise mieux mes émotions, j’ai plus de
ressources intérieures.
Ces
bienfaits, je ne les perçois pas instantanément. La plupart du temps,
semblables à des retransmissions sportives, ils se manifestent « en
léger différé ». Et c’est seulement dans les minutes et les heures qui
suivent ma pratique que j’en ressens les bienfaits en moi.
Il
n’y a rien là de surprenant et la nature nous donne maintes illustrations de ce
processus échelonné dans le temps. Ce n’est pas au moment où je place une
graine en terre que je peux espérer cueillir un fruit sur l’arbre. Et ce qui
vaut pour l’agriculture vaut tout autant pour notre psychisme comme l’expose la
théorie du Karma : d’abord, survient l’acte déclencheur, puis
s’écoule un temps de latence durant lequel l’acte murit en nous, chemine
de façon souterraine, non apparente, et enfin se manifeste le fruit de
l’acte lorsque toutes les conditions de son apparition se trouvent
réunies.(cf. notre article sur la théorie du Karma dans la philosophie Samkhya)
Grâce
à cette pratique contemplative, la concentration s’aiguise et une purification
intérieure opère en nous. C’est la conscience de ce qui se passe qui effectue
ce nettoyage : refuser de voir, détourner les yeux de ce qui nous déplait
n’aboutirait qu’à garder en nous les maux dont on aspire à se libérer. Il faut
donc un certain courage pour pratiquer le Hatha Yoga.
Prendre
la posture, réguler le souffle, placer l’esprit : tout ceci est vraiment
excellent. Et nous avons encore progressé d’une marche. Malgré tout, ce n’est
peut-être pas encore suffisant pour nous libérer totalement des obstacles qui
nous empêchent d’être véritablement heureux.
4)
Générer les émotions libératrices
La
France est l’un des pays qui consomme la plus grande quantité de psychotropes,
ces médicaments qui agissent sur l’humeur et la régule. Ceci révèle une
chose intéressante : nous ne savons pas utiliser correctement notre
esprit.
A
y regarder de près, il n’y a pas de quoi se morfondre car si mon psychisme est
capable de contribuer à l’apparition d’un ulcère à l’estomac, d’un épuisement
lié au stress, d’une tumeur cancéreuse, c’est qu’il est vraiment très puissant.

Je
suis finalement avec mon esprit comme tel plaisancier avec son pédalo : je
déploie de grands efforts pour revenir vers le rivage et ne parviens en réalité
qu’à m’en éloigner toujours plus. Pourtant, si je découvre que je pédale
simplement dans le mauvais sens, je vais pouvoir, au prix d’un léger
changement, revenir très rapidement à la plage, et même beaucoup plus
rapidement que si je ne m’étais pas entrainé du tout. Bref, plus on s’est
entrainé à échouer et plus on est finalement près de réussir ! Et cela
fait longtemps que cela dure !
En
fait, j’ai développé – bien malgré moi - une grande compétence : je sais
me créer des scénarios d’angoisse très réalistes, je sais me rendre malade, me
nouer l’estomac, me stresser, m’énerver, me mettre les nerfs en pelote, ruminer
des pensées délétères, … finalement m’empoisonner la vie. En laissant cette
litanie s’étirer, j’éprouve l’immense puissance de mes pensées et de mes
émotions.
Or,
ces émotions, mon esprit peut les susciter, les cultiver à volonté. Il n’y a
aucune tyrannie des émotions : je peux les réguler à loisir. Par exemple,
ce dont je m’afflige, je peux tout aussi bien décider de m’en réjouir. Si
je suis spontanément jaloux de mon voisin qui vient de gagner au loto et que je
m’en ronge les sangs, il ne tient qu’à moi de me réjouir de sa réussite. Ma
réaction, mon émotion m’appartiennent. Si je me blesse avec telle critique
qui m’est adressée, libre à moi de m’effondrer et de me croire une
victime ; libre à moi aussi de me réjouir de l’information qui m’est
donnée et de l’occasion qui m’est offerte de développer de la bienveillance
envers cette personne qui se fait du tort plus surement à elle qu’elle ne croit
m’en faire à moi. Qui peut blesser celui qui décide de ne pas l’être ?
Qu’est
que je gagne à cette permutation ? Une joie profonde, une détente
intérieure, un ineffable sentiment de liberté. Qu’est-ce que j’y perds ?
Un statut de victime et un peu de malheur aussi ? Au fond, qu’est-ce que
je veux ?
Quand
j’ai conscience du pouvoir dont je dispose, je peux alors reprogrammer mes
comportements : je peux décider de prendre plaisir à m’exprimer en public,
je peux décider de me réjouir de payer des impôts, je peux m’épanouir en
faisant du bien aux autres… Il suffit pour cela de changer de point de vue, de Weltanschauung
comme disent les Romantiques allemands. Et cette liberté j’en dispose
pleinement.
Bien
sûr, cela ne se fait pas en claquant des doigts : c’est une discipline de
l’esprit, mais une discipline vraiment utile. De même qu’on étoffe un muscle en
faisant quelques tractions chaque semaine, on peut assouplir l’esprit, le
rendre plus malléable, plus créatif, plus protecteur, et en faire véritablement
un guérisseur.
Que
faire concrètement ? De façon très simple : au lieu de cultiver des
émotions causes de souffrance, je vais cultiver des émotions cause de bien-être
et d’épanouissement.
Je
vais ainsi générer dans mon esprit et ressentir dans mon cœur une des
émotions merveilleuses qui soignent. Par exemple, si je me dévalorise
facilement, je vais me réjouir d’être une personne et mieux reconnaitre les
qualités inhérentes à tout être humain ; si je suis aisément mécontent,
insatisfait, grognon, je vais décider de me réjouir de ma situation
présente et développer, jour après jour, le contentement ; si je suis
facilement rongé par la jalousie, je vais décider de me réjouir du succès
d’autrui ; si j’ai tendance à me centrer un peu trop sur mes misères, mes
problèmes, je vais tourner mon regard vers autrui, m’oublier en m’intéressant
aux autres, en générant l’amour et l’altruisme.
Quand
j’ai pris dans mon esprit la décision de cultiver telle ou telle émotion
thérapeutique, il se peut que je ne ressente rien au départ. Si ma souffrance
intérieure est vraiment très importante, il est possible que je ne puisse
momentanément plus générer en moi ni la joie, ni l’amour, ni
l’altruisme. Comment alors reprendre contact ? En ravivant le passé.
Pas pour se morfondre, pas par gout de la nostalgie, mais pour en tirer une flamme.
Malgré ma vie présente, si épouvantable soit-elle, j’ai nécessairement connu
par le passé un moment de bonheur où j’ai fait l’expérience de la joie, où j’ai
partagé l’amour, où j’ai aspiré au bien d' autrui.
Comme
je l’ai connu, je l’ai en mémoire, et c’est une source vive. Pour faire revivre
en moi l’altruisme, il me suffit alors de me souvenir de la dame âgée qui
était tombée et que j’ai aidée à se relever, de raviver la parole bienveillante
que j’ai prononcée tel jour, ou revoir l’oiseau blessé, tombé du nid, que j’ai
soigné … C’est finalement bien simple. Nous avons tous cela en nous, comme un
commerçant possède des marchandises en stock et il nous suffit d’aller y
puiser. En ravivant le souvenir de telle scène de ma vie, je renoue instantanément
avec l’émotion bénéfique qui la portait. Il ne reste plus ensuite qu’à
lui laisser plus de place dans mon cœur.
Cette
émotion, je souffle dessus comme le forgeron attise le tison dans sa
forge : je nourris cette pointe pour qu’elle devienne un grand feu.
Progressivement, l’idée de générer telle émotion, qui avait pris naissance dans
mon esprit, s’épanouit dans mon cœur.
Quelques
instants auparavant, mon esprit pouvait être la proie de la crainte, de la
jalousie ou de la vindicte. Et, d’un seul coup, cette émotion destructrice
s’évanouit pour laisser place à l’émotion bienveillante. Car il n’y a pas de
place en même temps pour le remède et le poison, ils ne peuvent cohabiter
ensemble : l’apparition du remède vient aussitôt dissiper le poison. Voilà
pourquoi on ne s’applique pas à combattre ce qui ne va pas :
nourrir un tel combat, prétendre chasser le mal-être, ce serait encore
touiller, creuser, cultiver secrètement le malheur. D’ailleurs, on ne cherche
pas à vider une pièce sombre des ténèbres qui y règnent : on allume
simplement la lumière ! Eh bien, je m’entraine à cultiver ce qui est
positif plutôt qu’à lutter contre ce qui est négatif : le mal c’est déjà le
combat lui-même - et le seul mot Yoga (Union, en
sanskrit) nous l’enseigne.
Parfois,
on pourrait être tenté de se dire : « je me suis fourvoyé depuis si
longtemps que cela ne vaut pas la peine de changer ; il me reste trop peu
de temps à vivre, cela n’aurait pas grand effet ». C’est une erreur :
même si j’ai nourri des émotions négatives pendant de longues années – comme
ces vieilles haines entre familles, ces vendettas transmises depuis
tellement longtemps qu’on ne sait parfois plus pourquoi il faudrait haïr, mais
on continue, par obéissance - même si j'en suis un peu honteux, je peux à
tout instant inverser la tendance. Même si une pièce est demeurée dans le noir
pendant des siècles, il me suffit d’allumer la lumière pour qu’en un instant
tout soit changé, tout devienne radieux. Tant que l’on est en vie, jusqu’à la
dernière seconde, on peut changer et donner une autre orientation à nos
pensées, à nos émotions, à notre vie, et guérir. Et parfois, s’il n’est plus
envisageable de guérir le corps – nul n’est immortel ! - la guérison de
l’esprit demeure possible ; et, à bien y réfléchir, c’est cela le plus précieux.
Voilà
donc l’élément clef de cette pratique : laisser l’émotion bénéfique
s’installer fermement en soi, lui permettre de se stabiliser, la
sentir irradier en mon cœur, irriguer tout mon être. Quand je parviens à cela,
je peux alors compléter ma pratique et l’enrichir d’une visualisation : à
l’inspiration, je vois un air d’une très belle couleur verte qui pénètre par
mes narines, circule dans les deux canaux qui longent ma colonne et descend
jusqu’au périnée. A l’expiration, je vois un air de couleur noirâtre, abjecte,
repoussante qui s’élève par le canal central, à l’intérieur de ma colonne
vertébrale, avec la sensation que je me libère de tout ce qui est négatif par
le sommet du crâne. Je répète plusieurs fois ce cycle et, de cette façon, je me
purifie.
Conclusion
Quelle
est-elle donc l’essence du Yoga ? Une attitude corporelle juste, une
respiration régulée, un esprit concentré, des émotions bénéfiques dont je
favorise l’élévation : la pratique du Yoga devient alors véritablement
consistante et de nature à nous libérer de nos obstacles physiques,
énergétiques et mentaux.
A
la relecture de cet article, je m’aperçois à quel point j’ai fait usage de
l’adjectif « simple » : la pratique du Yoga est fondamentalement
simple à comprendre et simple à mettre en œuvre.
Pourquoi
est-ce donc finalement si difficile ? Parce que l’enseignement du
Yoga se heurte à des habitudes acquises et à des principes qui ne sont pas ceux
les plus largement partagés dans notre société.
Les
Yogis en Inde s’affranchissent du cadre des castes qui enserre encore la
société contemporaine : en s’engageant dans la voie du Yoga, l’adepte sort
instantanément du carcan de sa caste sociale d’origine.
Pratiquer
le Yoga c’est choisir de mener une vie libre et heureuse. De cela, à toute époque
et en tous lieux, les êtres humains ont eu besoin.
christianledain@wanadoo.fr
N'hésitez
pas à m'écrire : je lis toujours et prends en compte du mieux possible.